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Grindhouse : Boulevard de la Mort

Ca fait déjà deux bonnes semaines qu'on a vu ce charmant métrage, mais on avait pas encore pris la peine d'en faire une rapide critique.
Alors que penser de la version française de Grindhouse, splittée en deux et amputée des alléchantes bandes annonces ?

Et bien c'est super chiant et con, et c'est pour ça que c'est super chouette !

"Mais qu'est-ce que tu me racontes là ?" nous dirait Arnold avec des yeux en forme de soucoupes, justement c'est tout le paradoxe du film : en nous balançant une première demi-heure bourrée de clichés ridicules, de discussions frivoles et des acteurs chairs à saucisses, Tarantino cible parfaitement le public du métrage, ceux qui attendent que ça charcle, avec brio et jets vermillions à profusion.

Effectivement, on se prend une grosse claque dans la gueule, enfin c'est surtout Rose McGowan qui s'en prend une énorme.
Parfaitement gratuit le premier sursaut de violence de Boulevard de la Mort est aussi surprenant que jouissif. C'est aussi à ce moment qu'on a assisté aux premières sorties de plusieurs spectateurs - déjà peu nombreux - écoeurés par la nullité du métrage. Les autres, qui connaissent Faster Pussycat! Kill! Kill! par coeur, commence à jubiler ! Jusqu'à la baston délirante finale, Boulevard de la Mort sera incroyablement fun, pour la petite tranche de fans dépravés de gore et de sexe qui se trouve encore dans la salle.

Et c'est là que se pose le soucis majeur de Grindhouse. Depuis Pulp Fiction et sa prime cannoise, Tarantino est bien vu dans les hautes sphères intellectuelles, c'est un réalisateur si intéressant ma chère. De nombreux spectateurs vont se précipiter dans les salles obscures pour voir un Tarantino et non un film 100% action et gore...
Et pour ces personnes le choc peut être rude (bon pas autant que celui de Rose McGowan, mais passons...). Pourquoi tant de dialogues lancinants ? Pourquoi cette lap-dance interminable et cette poursuite en voiture qui n'en finit pas ?
Le spectateur féru de gros Z et d'action peut l'expliquer facilement : parce que c'est trop cool !
Mais le discours sociopolitique derrière tout ça ? ... Que nenni, Boulevard de la Mort c'est une affaire de sang, de bitume et de belles gonzesses, point barre. Boulevard de la Mort est un film grindhouse.

Et oui madame, quand on est culturé aujourd'hui on ne parle plus de série B voir Z, mais de grindhouse. C'est marrant, ça fait 18 ans que je lis des trucs sur le cinéma, entre autre le magazine Mad Movies tout de même spécialisé dans le genre film déviant, et jamais, oh grand jamais je n'ai eu l'occasion de voir ce terme ; soudainement, il apparait dans la moitié des articles.
C'est classe, on a l'impression de faire partie d'une certaine élite, l'élite des amateurs de films post-apocalyptique et de navets hong-kongais. Le tout est d'utiliser le bon vocable pour décrire ce qu'on regarde.

Présentement ce dernier Tarantino s'est bien platré au box-office, ce qui était tout à fait prévisible. Toutefois les quelques privilégiés qui se sont éclatés comme des baleines attendent avec impatience la suite de Rodriguez qui devrait arriver sur nos écrans au mois d'août. Malheureusement Rodriguez n'a pas la même aura que Tarantino auprès de la presse spécialisée française, il est fort à parier que plusieurs rédacteurs criant au génie aujourd'hui vont sans ombages retourner leur veste.

On s'en fout, nous on veut que ça pête !